Daara J Family : « Aujourd’hui on est tous devenu des esclaves de la technologie et de la télévision »

Ambassadeur itinérant de la musique sénégalaise, Daara J Family a encore une fois fait rayonner le Hip Hop galsen hors de nos frontières, plus précisément à Lyon, au MJC Ô Totem, où Ndongo et Faada Freddy se sont produits devant un public composé en majorité de français. De « Call My Name » à « African Mousso », en passant par le titre « Sénégal », les deux complices ont maintenu le public en furie durant deux tours d’horloge. Aussi, ce concert, comme les précédents, a été l’occasion de découvrir en live de nouveaux morceaux de Daara J Family, à savoir « Oyé », « Jamono » et le tout nouveau « Ça Rend Fou », qui feront partie de leur prochain album.

Après une brève appréciation de leur performance sur scène, les deux artistes ont naturellement voulu discuter avec Senemusic de leur actualité musicale, de leurs projets, mais aussi de leur sixième album studio tant attendu qu’ils comptent appeler « Yama Télé ».


Daara J Family va bientôt revenir avec son sixième album studio ? A quoi le public peut il s’attendre avec ce nouveau disque ?
Ndongo D : Ce sera un album très urbain. Mais aussi, au niveau du contenu et du concept, ce sera un album très fort. Je pense que quand les gens verront juste la pochette ils vont comprendre un peu la teneur des textes, en écoutant des morceaux comme « Ça Rend Fou », mais aussi, à travers l’album qui va s’intituler « Yama Télé ». Il parle aux jeunes et à toutes les générations, en leur disant d’arrêter d’être dans l’inaction, d’être des « Yama Télé ». Aujourd’hui on est tous devenu des esclaves de la technologie et de la télévision. Pour résumer : le concept de l’album c’est vraiment on invite les gens à garder leur authenticité et à faire attention à l’avancée de la technologie qui est entrain de tout bouffer. Y’a aussi un titre comme « Liniou Moom » qui parle de l’état actuel de la politique chez nous et le fait qu’on ait donné notre économie aux multinationales.

Je pense que c’est la première fois que j’entends officiellement le nom de l’album qui est « Yama Télé ». Vous l’annoncez en exclusivité sur Senemusic alors.
Faada Freddy : Oui on commence juste à communiquer dessus et à peaufiner la chanson en live. Y’a une version aussi en featuring avec Gaël Faye qui a écrit le livre « Petit Pays ». Donc Je pense que ce sera une belle surprise dans l’album.
Ndongo D : On a joué « Ça Rend Fou » la dernière fois à Gennevilliers et on voit la réaction du public qui est satisfaisante…

Découvrez  « Ça Rend Fou » en live :

D’ailleurs on a entendu « Oyé », « Jamono » et maintenant « Ça Rend Fou ». Tous ces titres feront bien partie de l’album ?
Faada Freddy : Effectivement oui ! Et y’a la vidéo de « Oyé » aussi qui va bientôt sortir…

Tourné au Sénégal ? en France ?
Faada Freddy : Au Sénégal.

Cela fera sûrement plaisir aux fans qui vous accusent de beaucoup tourner en Europe, d’y faire des projets et de délaisser un peu le public sénégalais… A quand un grand concert de Daara J Family au pays ?
(Rires) Ndongo D : On a même vu une pétition sur internet pour ça. Mais là on va faire la date parisienne (NDLR : le 6 octobre à Pan Piper) et on va travailler pour faire un big concert à Dakar. Entre temps y’a aussi un événement de Faada Freddy en Martinique, mais entre temps on va terminer l’album et continuer à travailler. Mais aussi, y’aura des visuels. On compte faire beaucoup de clips pour ce projet parce que les morceaux nous tiennent à cœur. C’est moderne mais très authentique en fait.

Les artistes français avec qui on a un feeling c’est Kery James, Youssoupha, Gaël Faye…

Une collaboration avec Kery James est aussi annoncée ? Vous confirmez cela ?
Ndongo D : C’est annoncé mais c’est pas encore effectif on va dire. C’est vrai qu’on nous avait demandé avec quels artistes français vous voudriez collaborer, avec quels artistes vous êtes proches. Et nous, les artistes avec qui on a un feeling c’est Kery James, Youssoupha, Gaël Faye… On avait pas dit qu’on avait déjà fait le morceau. Mais je pense qu’en disant ça les médias ont retenu qu’on va faire un titre avec Kery James. Mais cela n’exclut pas la possibilité. C’est un artiste qui a déjà fait un featuring avec Faada dans son album. Là je crois qu’il est sur un nouveau projet donc on verra au niveau planning si c’est possible. Moi j’étais fier de le voir au Zénith de Faada, il est venu participer en live, donc on est vraiment connecté… Mais bon ! je comprend l’envie des gens, à chaque fois ils nous posent la question. Je pense que ce sera notre mission pour eux.

Ça peut se comprendre aussi. Des artistes comme Youssoupha, Kery James, Medine sont vraiment aimés par les sénégalais…
Faada Freddy : Bah c’est la famille hein. C’est des gens quand on se voit on est comme à la maison. On partage en quelque sorte la même philosophie de vie. J’ai déjà fait quelque chose avec Kery James et je pense cela ne saurait tarder avec les autres. En tout cas dès que l’occasion s’offre, ça se fera.

La question fatidique ! Quand est ce que l’album sera disponible ?
Faada Freddy : il sera disponible au mois de février parce que là on est dans le mix et le mastering et on a pas envie de précipiter les choses. Ça fait un moment qu’on avait pas sorti d’album donc faut vraiment qu’on leur sert quelque chose de costaud. En tout cas nous de notre côté on a fini mais on veut que quand les gens l’écoutent dans leur voiture, chez eux… qu’ils ressentent vraiment la qualité du travail. En tant que référence aujourd’hui, avec beaucoup de jeunes qui nous suivent, on a pas trop le droit à l’erreur.

On compte faire beaucoup de clips pour ce projet parce que les morceaux nous tiennent à cœur.

Faada Freddy compose aussi. Donc j’imagine qu’on va retrouver tes prods dans l’album. Mais est ce qu’on peut s’attendre aussi à d’autres, étant donné qu’en ce moment au Sénégal y’a beaucoup de jeunes producteurs qui émergent.
Faada Freddy : Oui oui ! Moi je suis entouré de beatmakers. Que ce soit au Congo, au Sénégal et partout. Dèjà le morceau « Ndank » c’était DJ Ziza qui l’avait fait et il est au Sénégal. Et souvent je collabore avec des gens comme ça parce que j’aime bien partager les idées. La musique à la base c’est un partage. On ne peut pas tout faire seul. Je pense qu’il est aussi important que le travail qu’on fait ici (parce que parfois je suis directeur artistique pour des gens qui font des albums ici) de la faire chez nous. Piloter différents projets pour un peu insuffler à ces jeunes là comment faire pour que leurs œuvres dépassent les frontières.

Ndongo D a aussi annoncé des projets en solo, notamment un album et un EP qui va le précéder. Le single « Def Yow » est aussi annoncé…
Ndongo D : Oui effectivement ! Le clip est là et justement quand on parle de producteurs locaux y’a Iss 814 qui a bossé dessus.
Faada Freddy : Ah lui c’est un frère, on est tout le temps entrain de parler de musique. C’est un génie, c’est un directeur artistique, un compositeur et un excellent lyriciste. Je pense qu’il mérite d’être plus connu, et pas qu’au Sénégal. Et justement, il a lui aussi sa pierre à apporter à l’édifice de l’industrie musicale africaine.
Ndongo D : Donc voilà ! On a bossé sur deux titres si je ne me trompe, sur les arrangements studio aussi…

J’ai eu écho que cet album aurait une couleur particulière avec des reprises de maximes de Kocc Barma.
Ndongo D : C’est ça ! Et comme c’est assez historique aussi, même si je le replace dans un contexte actuel, j’ai fait des recherches pour ne pas dénaturer le message. Les gens connaissent le message de Kocc Barma mais il faut aussi aller demander aux anciens pourquoi il a dit ça et pour que je puisse expliquer aux jeunes pourquoi je dis : « Maga mata bayi tchi reew ».

© Siaka S. Traoré

Faada Freddy, avec « Gospel Journey », vous avez émerveillé le monde de la musique avec vos « body percussions ». Les retrouvera t-on encore sur ce nouvel album ?
Faada Freddy : On ne le retrouvera pas dans l’album parce que c’est un univers qui m’est propre. J’aime bien expérimenter des idées un peu folles. Mais ce qu’on fait dans Daara J Family, c’est un peu les kiffs que j’ai avec Ndongo. Quand on partage une musique qu’on aime ensemble, on va dans cette direction là.

Votre actualité c’est aussi le titre « Give Me Your Love ». Comment s’est faite la collaboration avec Thomas Broussard ?
Ndongo D : Oui Thomas Broussard c’est un musicien qui avait déjà collaboré avec nous sur les albums de Daara J, en jouant les guitares, parce que c’est un guitariste à la base. Donc on l’a connu à travers des amis communs à Montreuil, un collectif de DJ qui s’appelle Démolisha. Nous on bossait beaucoup avec eux en studio et on nous a parlé un jour du projet de Thomas Broussard. C’est comme ça qu’on a posé sur le son qui fera partie d’une compilation qui va sortir l’année prochaine avec beaucoup d’artistes.

Et vous avez eu l’honneur de poser sur le tout premier extrait.
Ndongo D : Oui on a eu l’honneur et il a choisi ça comme single en plus.

Les sénégalais pourront attendre ce morceau dans votre album ?
Ndongo et Faada : La question qui mérite d’être posé (rires).
Ndongo D : On est entrain de voir avec eux ! Parce qu’il faut souligner que ce titre fait partie de son projet à lui à la base. C’est vrai qu’on a fait une bonne partie parce que les gens retiennent bien les chanteurs (interprètes) en général. On a eu des retours vraiment positifs mais autour de ça y’a les labels etc… il faut régler ça d’abord et après… Mais bon je pense qu’on va s’entendre parce que c’est un gars qui est vraiment super. Thomas Broussard c’est un grand musicien avec un cœur énorme.

Redécouvrez le clip « Give Me Your Love » :

Propos recueillis par A. Njaay