Jac de Takeifa : « Ce que j’apprécie c’est la musique, l’énergie, le naturel »

Le 21 Mars dernier, le groupe Takeifa se produisait pour la deuxième fois de leur carrière au grand théâtre de Dakar pour nous présenter plus qu’un concert, un spectacle : le Penthiou’ Art. Senemusic était sur place pour retranscrire cet évènement et en a profité pour rencontrer Jac, le leader vocal du groupe. C’est donc à quelques heures du début du spectacle que le chanteur nous a accueilli, détendu et souriant dans sa loge : « Avant un concert, je regarde un film ou je parle, alors entrez qu’on discute ! ». Une parenthèse qui sera l’occasion d’évoquer à nouveau cette aventure familiale, leur succès, leur spectacle, leur vision de la musique et de l’art ainsi que de la venue d’un nouvel album.


Bonsoir Jac. Nous sommes à quelques heures du spectacle, qu’attendez-vous de cette soirée ?
On n’attend pas grand-chose, on a bien et beaucoup travaillé pour offrir au public un spectacle. Pas un spectacle pour faire venir des gens riches et leur dire de balancer des billets sur la scène, non pas du tout. Nous avons invité des artistes à partager des morceaux. On travaille avec des musiciens, des danseurs, c’est tout un spectacle, d’un genre qui ne se fait pas encore ici. Le concept s’appelle Penthiou’ Art. Penthiou’ Art c’est l’arbre à palabres. C’est là où on réglait les problèmes, où on faisait les échanges… C’est ça qu’on essaye de faire ici, d’échanger, de partager la scène, nos expériences, d’ailleurs comme d’ici.

« No Stress », votre dernier clip a été très apprécié du public. Vous préparez une nouvelle vidéo ?
Ce concert va être enregistré en live donc, on va voir, peut-être qu’on va le sortir en live par ce qu’on a fait quand même cinq morceaux tout nouveaux qu’on va jouer ce soir. On aime bien surprendre le public. Pour qu’ils voient d’autres choses que ce qu’ils ont l’habitude de voir.

Regardez la vidéo de « No Stress » :

Peut-on dire que ces cinq morceaux feront partie d’un prochain album ?
Oui bien sûr, peut-être. On va prendre les cinq ou seulement deux ou trois, ça dépend. On les a pour le moment juste travaillés pour le spectacle, pour le show et pour le fun ! On aime bien surprendre quoi ! Le concept c’est ça. Pour moi un artiste qui respecte son public doit toujours travailler, créer de nouvelles choses. Mais sortir un album et tout le temps jouer les mêmes morceaux, pour moi vraiment c’est lourd. Après tu ne travailles pas quoi. L’important c’est d’avoir des repets’, de créer et de venir dire à ton public : » Ouais j’ai fait quatre morceaux pour vous ! C’est nouveau, il ne faut pas les pirater… Mais si vous le piratez, on s’en fout c’est pas grave ! » (rires)

Vous connaissez approximativement la date de sortie de cet album ?
Pour l’instant on ne sait pas! L’album on peut le sortir dans deux mois ou dans deux ans. Ce qui est sûr c’est qu’on se donnera toujours le temps de bien travailler. Quand ça sortira les gens sentiront qu’il y a du travail, de la patience, de l’énergie, de la folie et tout ce qu’il faut pour que les gens puissent bien accueillir l’album.

Vous étiez le tout premier groupe à jouer au Grand Théâtre…
(Pensif) Oui c’est vrai, c’est vrai ! Vous êtes bien renseignés ! (sourire)

Comment vous vous êtes décidé à venir jouer dans cette salle immense ?
C’est la folie ! Nous on aime bien les choses dont les gens disent : « c’est impossible ! ». On a inauguré ce grand théâtre alors que l’année passée on était moins connus sur le plan national comme international. En une année il s’est passé plein de choses. Mais on l’a fait parce que la directrice qui était là adore la musique et adore l’art. Elle a beaucoup fait pour l’art, pour les jeunes qui sont en train de faire de belles choses. Quand cette dame que l’on connaissait depuis longtemps est devenue directrice du grand théâtre, nous sommes venus vers elle avec ce concept-là de Penthiou’ Art: « Voilà, on a ce projet-là. C’est Fou ! Les gens n’y croient pas, les télés n’y croient pas, les sponsors n’y croient pas mais on aimerait travailler ça avec vous ». Elle a cru en nous et on l’a fait. On a rempli presque la salle. La salle c’est 1800 places, on avait 1100 personnes. C’est déjà énorme ! On ne l’a fait qu’avec les moyens du bord : notre public, nos amis, Facebook, sms, les affiches qu’on avait collées un peu partout. Les gens ont répondu présent.

Crédits photo : Anouk Versteeg

Ça vous a surpris cette réussite ? Comment est-ce que vous l’avez accueilli ?
On l’a accueilli positivement. Et ça ne nous a pas pris la tête du tout puisque c’est une grande salle, c’est une bonne salle, y a tout ce qu’il faut pour faire un bon spectacle mais après c’est juste un spectacle parmi tant d’autres qu’on va faire, qu’on a déjà fait et qu’on va encore faire. Sérieusement, les fans sont plus pressés que nous ! Moi il y a quelques minutes j’étais là je regardais la chorale qui répétait et faisait la balance et je disais « HEY vous faites des fausses notes ce n’est pas normal » (rires). On blaguait et les gens me disaient « Hey mais toi tu ne devrais pas être en train de mettre ta cravate, de mettre du parfum ». Non moi je suis relax, je ne vais même pas prendre ma douche (rires), je change juste de tee shirt ! Pour moi l’art c’est ça, c’est n’aimer que son travail et ne pas avoir besoin de mettre quatre fringues pour montrer que j’ai ma place ici. Ce que j’apprécie c’est la musique, l’énergie, le naturel et le travail qu’il y a derrière. Parce que si tu aimes ton travail et que tu respectes ton travail tu comprendras que ce n’est pas seulement sur l’habillement.

Tous les artistes que vous avez invités ont pu se libérer pour ce soir ?
Ça a été un délire extraordinaire et c’est un plaisir d’en parler. On a invité Doudou Ndiaye Coumba Rose, qui est un artiste planétaire. Il est venu avant hier à la repet’, il est venu hier à la repet’ alors qu’il ne devait même pas venir tellement il croit au projet, tellement il croit au groupe. Il devait venir seulement cinq minutes pour voir mais à chaque fois il est resté trois heures de temps. Il fait venir tous ses enfants et il ne nous a absolument rien demandé. Il donne tout. Il y a aussi un artiste comme Baaba Maal. Toute la logistique, le matériel pour l’enregistrement en live, tout ça c’est lui qui l’a donné. Gratuitement ! Plus que gratuitement même. Il est là, il m’appelle au téléphone. C’est des artistes, au vrai sens du terme, qui sont là pour faire de belles choses, pas pour faire de l’argent. Comme le rappeur Simon. Il est tout le temps avec moi depuis que je l’ai appelé pour lui dire « hey on t’invite ». Il m’appelle au téléphone, il vient aux repets’. Ya aussi des percussionnistes, une chorale, des metteurs en scène, ya des jeunes qui vont faire projections. C’est le spectacle des yeux. Il faut que le public kiffe la musique mais aussi coté visuel.

On a hâte de voir ça ! Merci Jac à tout à l’heure et bon concert !

Propos recueillis par Leez & A. Njaay

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