Décès de Charles Aznavour : une grande perte pour le monde musical français

Le grand Charles Aznavour, après un parcours de titan, une carrière musicale et cinématographique hors pair, vient de rendre l’âme laissant à la France un profond vide. Senemusic vous amène à la découverte de son parcours.

Charles Aznavour était un chanteur français d’origine arménienne issu d’une famille d’artistes et né en 1924 à Paris. Il entame sa carrière à proprement parler à l’âge de 22 ans alors qu’il se faisait remarquer par Edith Piaf et finit par s’associer au pianiste Pierre Roche. Avec eux, ils accompagnent la Môme dans une tournée française et américaine et dès le début des années 50, Aznavour écrit plusieurs chansons qui seront mises en musique et interprétées par Gilbert Bécaud.

Étant désormais connu, le chanteur se voit être l’objet de critiques acerbes. Il écrit dans son livre autobiographique « Aznavour par Aznavour » : « Quels sont mes handicaps ? Ma voix, ma taille, mes gestes, mon manque de culture et d’instruction, ma franchise, mon manque de personnalité. Ma voix ? Impossible de la changer. Les professeurs que j’ai consulté sont catégoriques : ils m’ont déconseillé de chanter. Je chanterai pourtant, quitte à m’en déchirer la glotte ». Disait-il en reprenant se propres propos de l’époque.

1956 est sûrement l’année de la consécration pour Charles Aznavour. En effet, c’est au cours de cette année et de celles qui suivirent qu’il produisit ses plus grands tubes : « Tu t’laisses aller » (1960), « Il faut savoir » (1961), « Les comédiens » (1962), « La mamma » (1963), « Et pourtant » (1963), « For me formidable » (1963), « Que c’est triste Venise » (1964), « Ba bohème » (1965), « Emmenez-moi » (1967) mais aussi « Désormais » (1969). C’est durant cette période qu’il fait un show à Casablanca et explose avec son tout premier concert à l’Olympia de Paris.

Quatre ans après qu’il ait écrit « Sur ma vie » (1956), considéré comme son premier succès notable, il séduit l’Alhambra avec « Je m’voyais déjà ». En 1988 alors qu’un tremblement de terre venait de frapper l’Arménie, son pays d’origine, Charles Aznavour décide de créer l' »Aznavour pour l’Arménie » (une fondation destinée à apporter de l’aide aux victimes du tremblement) et il chante un an plus tard « Pour toi Arménie », une chanson qui compte la partition de plus de 80 artistes. Avec ce titre, Charles Aznavour prend la tête des charts français et en 2001 son nom est donné à une place d’Erevan, la capitale arménienne. On lui érige même une statue dans la ville la plus touchée par la catastrophe de 1988, Gyumri.

Moi, je ne peux pas et je vis en scène. Je suis heureux en scène et ça se voit

Aznavour

Après sa tournée d’adieu en outre atlantique en 2005, le « Sinatra français », comme aiment le surnommer certains médias, ne cesse néanmoins de se produire un peu partout sur scène et fait le Japon, l’Europe, l’Asie, l’Amérique du sud et même à Erevan en plein air devant une centaine de millier de spectateurs. Riche de son expérience, de ses trophées et titres honorifiques, ce grand homme malgré son âge avancé (94 ans) n’a jamais, mais jamais abandonné la scène musicale car elle faisait partie de lui. Il le disait d’ailleurs vendredi dernier lorsqu’on le revit tout souriant dans « C A Vous » après la grande frayeur causée par la lourde chute qui l’avait contraint au repos forcé : « Moi, je ne peux pas et je vis en scène. Je suis heureux en scène et ça se voit ». Charles Aznavour aura été à lui tout seul un monde riche de par son contenu musical. Son oeuvre reste à jamais un modèle à envier et à copier mais pourra-t-on jamais l’égaler voir même le dépasser ?

M.A.Sakho